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Queen Kane's castle
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3 janvier 2011

Sweet dreams agony

Scream_by_BenHeine

Vous est-il déjà arrivé d'ouvrir les yeux le matin en vous disant "quel cauchemar horrible, heureusement que je suis réveillée maintenant" avant de vous rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'un cauchemar mais de ce qui s'était passé la veille ? C'est comme ça que je me suis réveillée le matin du 2 janvier 2011 et ce matin également, le souffle court, trempée de sueur. A vrai dire je me demande encore comment j'ai réussi à m'endormir alors que j'ai passé les trois quarts de la nuit secouée par les sanglots, dans un état maladif, et que mes yeux sont encore gonflés de larmes. Je porte le deuil. La douleur est vive, impossible de lui en faire parvenir l'intensité malgré mes appétits primitifs de vengeance. Je voudrais qu'elle ai mal comme j'ai mal, un être humain ne devrait jamais infliger ça à qui que ce soit. Mais de son côté, c'est le vide.

Et tu n'y es pas du tout, nos chemins ne se sont pas séparés, l'image est loin d'être appropriée en ce qui nous concerne, c'est toi qui a décidé de me laisser tomber, c'est différent. Je suis sur le bord de la route et toi tu avances en chantonnant gaiement. Si tu avais regardé un instant derrière toi tu aurais bien vu que je n'arrivais pas à me relever, tu m'aurais entendu crier ton nom. Si tu as lu ce que j'avais écrit, tu aurais pu au moins retenir l'essentiel : j'avais besoin de toi.

- Accusée levez-vous.
Le juge me regarde de haut, vêtu de sa longue cape noire menaçante, il ressemble aux avocats qui eux-mêmes ressemblent au procureur, comme si tout était joué d'avance. Je me lève docilement même si je tiens à peine debout.
- Vous êtes accusée d'avoir volontairement perturbé la plaignante ici présente en lui demandant si elle revenait vous voir pour les vacances. Que plaidez-vous ?
- Non coupable Monsieur le juge.
Des cris de stupeurs s'élèvent dans l'audience. Quel affront !

Parce que non, vraiment, je ne me sens pas coupable de quoi que ce soit dans cette histoire, au contraire, je ne me suis jamais autant sentie victime, non que la position me plaise mais le ciel m'est littéralement tombé sur la tête. Parce que je croyais que notre amitié, qui avait traversé tant d'épreuves, ne pouvait pas se terminer sur quelque chose d'aussi stupide (et le mot est faible). Jamais je n'ai exigé qu'elle ne se justifie, elle n'avait qu'à répondre "je ne peux pas", je n'aurais pas insisté, j'aurais très bien compris. Elle ne peut pas m'en vouloir pour ça, pas elle, moi qui ai tant pensé qu'elle était une personne sensible, son coeur ne peut pas se révéler plus dur que la pierre voire carrément inexistant... et pourtant...

- La parole est à la plaignante.
- Tu n'es qu'une égoïste, une pleurnicheuse, je t'ai aimé jadis mais je me suis lassée tu comprends ? Va jouer ailleurs, tu m'ennuies. Joyeux anniversaire. Je te souhaite tout le bonheur du monde, la santé tout ça. Tu sais je ne voulais pas gâcher ton réveillon, je pensais que le 24 décembre suffirait mais tu es la pire des sangsues, je savais que tu reviendrais à la charge parce que tu es attachée à moi. Je n'y peux rien si désormais tu m'indiffères.
Le juge et les avocats hochent la tête à chacune de ses phrases tels des automates. Le procureur ne peut s'empêcher d'ajouter :
- Quelle bonté d'âme face à cette miséreuse qui fait la manche des sentiments !
Je serre les poings, jamais je n'aurais imaginé qu'elle me sortirait des énormités pareilles. Jamais je ne pourrais comprendre puisque tout ça n'a aucun sens, digne du procès de Kafka. J'ai tout lu, relu et relu encore, je dois être masochiste. C'est un pretexte, si ça n'avait pas été ça elle aurait trouvé autre chose. Je me demande pourquoi elle a attendu tout ce temps, parce que je n'ai pas changé, avec elle j'ai toujours été la même, une amie fidèle sur qui elle pouvait compter quoi qu'il arrive. Il faut croire que ce n'était pas suffisant. Je pensais qu'elle était adulte, quand on est adulte on a des problèmes plus graves en général, on ne brise pas des liens si forts pour des gamineries. Elle est là, froide comme la glace :
- Je n'aurais pas du te demander de comprendre, je sais bien que ce n'est pas dans tes capacités, tu es plutôt limitée à ce niveau. Tu ne peux pas te mettre à ma place une seconde, c'est trop te demander.

C'est un peu ce genre de situation :
- Salut ! Ca va ?
- Putain tu viens me demander si ça va ?! Tu es gonflée, comment peux-tu oser ?!! Tu remues le couteau dans la plaie là !

Le juge reprend, un sourire en coin :
- N'est-il pas vrai que vous lui avez posé la question à deux reprises ?
- Oh la oui crime impardonnable devant l'éternel !!! Honte à moi !!! Il se trouve que les deux fois où j'ai posé la question la situation, de mon point de vue, était différente, à savoir que la première fois elle m'a répondu qu'elle n'avait pas de vacances.
- Attention mademoiselle, il ne faut pas confondre fermeture de la boîte dans laquelle elle travaille avec des vacances, parce que vous n'avez sûrement pas bien lu la première fois mais : ON A PAS DE VACANCES AVANT JUIN QUAND ON A UN CDI BORDEL !!
Je croise les bras.
- Si, si, en une fois c'est rentré dans mon minuscule cerveau vous savez. On ne dirait pas comme ça mais c'est assez spacieux, on peut même y caser des trucs comme de l'affection, si ça vous dit quelque chose.

Etre prise pour une conne, j'adore, c'est énoncé de manière si subtile, comme si je n'allais rien remarquer... sarcasme vous dîtes ? Un peu foireux mais la tentative est là, je prends note.

On pourrait prendre la situation en enlevant les identités si on veut un peu d'objectivitén d'ailleurs j'ai beau l'exposer on me répond invariablement que c'est débile. La personne que vous avez toujours considérée comme votre meilleure amie habite à l'autre bout de la France. Elle rentre tous les ans d'ordinaire pour les fêtes de fin d'année mais cette fois elle vous annonce que ce ne sera probablement pas avant l'année suivante. Et soudain, il s'avère que finalement elle a une semaine de repos "forcé", que faites-vous ? Naturellement, est-ce qu'il ne vous viendrait pas à l'esprit de demander si elle rentre ne serait-ce qu'un peu ? Sans penser à mal, elle ne peut quand même pas vous en vouloir si la réponse est négative.... vous n'allez pas devenir responsable du fait qu'elle ne puisse pas se déplacer, si ? Ah bah si alors...

- Sérieusement, vous vous rendez compte que vous lui avez rappelé ce fait (qu'elle aurait certainement oublié si vous ne lui aviez pas posé la question) qu'elle ne pourra pas revoir sa famille pour Noël ?
- Je veux bien mais qu'est-ce que j'y peux moi là dedans ? Bien sûr à sa place j'aurais été triste, c'est une évidence ! Mais qu'est-ce que je viens faire là ? J'ai juste posé une putain de question parce que je voulais savoir ! Pas parce que je voulais qu'elle en souffre, merde ! C'est pourtant pas compliqué, ça ne sous-entendait aucun reproche puisque je ne connaissais pas la réponse !! Les raisons je m'en foutais ! En fait non c'est pire que ça, si elle avait besoin de repos je l'aurais même encouragée à rester chez elle !
- Assez ! Je vous condamne à la pendaison jusqu'à ce que mort s'en suive et...
Je proteste vivement, c'est trop facile :
- Attendez ! Pourquoi on ne parle pas de la haine qu'elle a deversé sur moi ! Du coup de "tu as été une soeur pour moi mais aujourd'hui que dalle, on se revoit dans 50 ans et on se boira un jus à l'occasion !", du message agréable le 24 décembre, du temps qu'elle a mis à ne pas me répondre, du tout à fait sincère "je ne voulais pas gâcher ton réveillon du 31" et de l'encore plus bisounours "je te souhaite le meilleur pour l'avenir, vraiment, je viens de te balancer les pires horreurs que tu aies pu imaginer mais je t'assure, porte-toi bien !"...

On m'encercle, on me fait sortir par la force, j'ai beau me débattre il n'y a rien à faire. La plaignante se frotte les mains et rit aux éclats avec le juge et son avocat, je ne diabolise pas, j'aimerais bien mais la réalité a ratrappé l'imaginaire le plus pessimiste. Je ne la verrai plus du tout, je ne l'entendrai plus jamais et la blessure en moi ne se refermera pas. Pour elle, c'est à peine l'équivalent d'une tape dans le dos, comme si elle n'avait jamais su qui j'étais, pour moi l'univers s'écroule et me ramène à une inévitable solitude, le passage obligé de ma vie en toutes circonstances. Je l'ai souvent comparée à un phare. Le gardien s'est noyé après avoir survécu à bien des tempêtes, il n'a pas lutté le moins du monde et s'est écrasé contre les rochers, ses os se brisant dans un grand fracas.

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Commentaires
V
tou ce que je peu te dire c'est bon courage car seul le temps attenuera ta peine ma cousinette... je sais ce que c'est... <br /> <br /> ps: depuis qu on est petite c tjs un vrai plaisir de te lire! alléé gros bisous
K
Tu me fais peur, "loin d'être insurmontable"...<br /> c'est pas une partie de moi qui s'en va, elle aussi est une personne à part entière, une personne à qui je tenais énormément. Ca serait vraiment triste si on pouvait simplement décider qu'on peut vivre sans les personnes qu'on aime, en tout cas je préfère encore souffrir plutôt que de m'en remettre en un claquement de doigts (ce qui est son cas en ce qui me concerne) comme si finalement ce n'était pas si grave.
L
Je ne veux pas diaboliser ton amie, qu'après tout je ne connais pas. Je ne peux pas me permettre de la juger, mais d'après ce que tu en dis je ne te considère pas comme coupable dans cette affaire.<br /> <br /> Même si je comprends ta souffrance, je te dirai d'aller de l'avant maintenant. Certes cette personne t'a aidé à te construire, mais tu es une personne à part entière, tu peux vivre sans elle, c'est loin d'être insurmontable.<br /> <br /> Je t'embrasse fort ma Kane.
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