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Queen Kane's castle

Queen Kane's castle
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23 mars 2011

Unappropriate terms, please reformulate

keys_by_kororowoxDD

How close to any thing could my heart stay ? For today may be and tomorrow lost memory...
The wind blows on my lonely soul, red and blue, red and blue again. How reliable are the sweet words ? Did you already forget you gave them to me once ? Are they still mine when I commit the sin of writing about them ?
I mistakenly believe they last longer on a piece of paper, where you can read them as many times as you wish, until it is a true obsession, until it is meaningless. People write, people die, words escape through the window in the twinkling of an eye. People care, people dare telling you what you mean to them, people disappear, stop talking, stop listening. You disappear. I do.
Writing is a temptation, an appealing mirror. I feel like writing, I feel like I could let every thought going out of my poor tired mind, there, to face the self and tell it how to behave not to be hurt anymore. It becomes fiction. You'll always be hurt in the end, there is no alternative.
Sometimes it is as cold as death. As if I was buried before I even tried to breathe. Of course we know - at least some of us - that everything we do has no signification, that no word can replace the Thing itself. Yet, I'm writing. I can't tell. I won't show. I know too well what they could do to my already-broken heart if they learn who I am inside. Too different from them. Not that I want to be different, but I am, really. I understand now, I'll always be "the strange girl", for everyone. A part of me likes this thought. The other hates it. Again. This emptiness in the already-broken heart. Pathetic. It is growing up inside, swallowing my hope, feeding my frustrations. How can I need to come back to this town in which I felt so small yesterday ? No matter where I go, I'm followed by the red shadow.
Sometimes I wish I was blind and deaf. Then, I could be able to hear the voices I love. Sometimes English sounds like a warm place where I can hide. The only world near "Home", a word which does not even exist in her language. I'm gone. I'm trapped. The pain is driving me crazy. Whatever I can read, see or hear, nothing echoes to this pain. No one. Maybe I can give it a name so that I finally know the disease I'm dying from. "Daughterhood" sounds too beautiful, "Motherless syndrom" could define the feeling of every orphan and I cannot say I know what they suffer from...
Deeper and deeper into the ground. Then up above the buildings. Back to the ground, face it : I'm not an adult, I won't be soon. THE FRONTIER OF MADNESS IS CLOSE, I CAN TOUCH IT.
As far as I can remember, I never asked myself about who I was or why. However, I'm not sure about the answer right now. I know I am a girl. Much evidence - not only physical ones - can prove it. I never ever wanted to be a boy. Actually I think I don't like boys that much, probably because all they are able to give me is inevitably weak. I'm not weak. Nothing in me is weak, I repeated theese words to myself walking alone on the streets of Rennes at night, a bit troubled by alcohol. I've tried to figure out how I could measure the place taken by emptiness at that very moment. Even now I easily remember how painful it was. Emptiness is not supposed to take any kind of place, by definition. Unless it is something else.
Is it confessing a lack of imagination saying everything had already been told except what the self can experience on its own ? I thought men and women were individuals, not genders. I did not want to see more than the physical and cultural differences but maybe I was wrong. To me, the man is the unknown other. The one I can't really talk about. However, isn't a writer supposed to be able to write about things he/she doesn't know ?
I want to write fiction but I'm only right when writing about myself.


No problem, sure you can have it.
"There" she said quietly
Breathing through the violence of his name.
Perfection is to be found in it !
Come on ! They talk nonsense
Nothing I can reach, nothing I can spell.

Once upon a bloody life
I met a familyless someone.
She said "I've always wanted to have a daughter"
How come you never had one ?
Well that's a shame, right ?
Y'all be alone for a lil' while.

T'was but a nurse
Who answered me when I said
The pain won't last long, I'm not worried.
"Life won't last either, you know."
It comes to my mind from time to time
As I'm passing through the years.

How will I ever be able to cure my self,
Whether by chance
I find my way back home ?
Forgetting my wasted youth
With blinding happiness and butterflies
However, I'm no believer.

I'm pretty sure I'll keep writing 'til I'm dead.
I do honestly confess
That there is purple within
It's not all blue neither red
But what would be the colour of it ?
The never ending voiceless cry.

Show no mercy on me !
I'm guilty of whatever you can think of.
If it pleases you, truth is yours
Blame on me your perverted sorrow
Confusion brings back
Both wolf and dog.

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16 janvier 2011

The Black Borderline

Shooting_Star_by_ellensamaJ'ai encore des bleus partout sur le coeur, les larmes au bord des yeux à chaque battement. Même si je suis plus fragile que jamais, je ne veux pas laisser mourir le peu d'espoir qu'il me reste. "A toute personne, il faut un rêve. c'est comme une maison, elle a besoin de fenêtre." Je vais lutter pour réaliser les miens, peu importe le prix qu'il me faudra payer pour ça.

Je ne savais pas que c'était possible mais il semblerait qu'on puisse être nostalgique d'une période qui s'est achevée le matin même. Le mot "période" lui-même ne convient pas, ce n'était qu'une semaine.
Quand j'ai poussé la porte de la salle des professeurs de mon ancien collège lundi dernier j'étais littéralement morte de trouille comme à mon habitude devant toute situation nouvelle ou sortant de l'ordinaire. J'ai demandé si ma tutrice était là, on m'a répondu que non et on m'a invité à m'asseoir pour l'attendre. C'est un sentiment étrange que de passer de l'autre côté de la barrière, je pense que tu en sais quelque chose Liline, d'autant plus dans ces lieux si familiers qui sont encore pour moi chargés de souvenirs douloureux.

La tornade vient de passer la porte. Un petit bout de femme blonde aux yeux verts pétillants. Ce qui surprend peut-être un peu c'est sa voix, grave et surtout claire et puissante. Pas de doute, elle sait comment faire quand une classe devient trop bruyante ! Mais elle n'a rien d'un tyran, au contraire, elle considère qu'il ne faut pas exiger le silence absolu des élèves et que le plus important est qu'ils se sentent valorisés, qu'ils aiment ce qu'ils sont en train d'apprendre. Je crois que si j'avais été parmi ses élèves, j'aurais fondé le fan club. Elle court partout, a tout juste le temps de boire son café, de me présenter à ses collègues entre deux photocopies... Elle ne me laisse jamais seule, point non négligeable quand on sait dans quel état j'étais les deux premiers jours, elle m'accorde une partie importante de son temps là où elle n'en a que très peu pour elle-même. Elle m'explique qu'elle n'a que des classes de 6ème et 3ème, choix personnel que je ne peux qu'approuver après avoir vu une des classes intermédiaires (à savoir une 4ème) pourtant alors en plein devoir. C'est ainsi que j'apprends qu'il va me falloir faire face à des enfants... la peur au fond de mon ventre prend des allures de super-héros, proportions comprises. Je parle à peine, même pour saluer les personnes qui entrent dans la pièce, je déclare immédiatement ne pas me sentir capable de quoi que ce soit. J'ai réussi à la convaincre qu'il n'y aurait rien à en tirer... oui, souvent je ne me contente pas d'être minable, il me faut également m'en plaindre ouvertement. J'ai longtemps pensé que d'annoncer la couleur (en disant par exemple : "bonjour, je suis trop timide.") pourrait m'aider à combattre le mal en question. Après plusieurs essais je sais qu'il n'en est rien mais j'ai bien des difficultés à ne pas recommencer. C'est sans doute aussi pour avertir les gens que je suis au courant de ce qu'ils perçoivent de moi : vous avez remarqué que je suis coincée, je suis au courant, je fais des efforts alors pitié ne focalisez pas là-dessus ou je vais mourir de honte !

J'ai eu du mal avec le tutoiement. Outre le respect voire l'admiration que j'ai pour la profession qu'elle exerce, elle est impressionnante, fonce droit devant sans hésiter, sait exactement où elle va quoi qu'il arrive. Si ce n'est pas le cas, c'est l'image que j'en ai eu, une femme forte et résolue à aller de l'avant. Exactement ce que j'aimerais être en y réfléchissant bien. Elle me parle de l'agréable surprise que lui ont faite ses élèves l'année précédente après avoir vu "The Dead Poet Society" (Le cercle des poètes disparus, film culte, "must be seen" !!), ils ont décidé d'un commun accord de se mettre debouts sur leur table et de lui adresser le célèbre "Oh Captain, My Captain !". Imaginer la scène est déjà en soi assez incroyable, mais l'entendre en parler est encore plus touchant, c'est comme si l'espace d'un instant j'avais pu voir le lien unique de cet échange se matérialiser. Elle n'est pas seulement un bon professeur, ce n'est pas seulement parce qu'il m'a semblé partager ses valeurs, plus que ça ce que j'ai ressenti c'est qu'il s'agissait du genre de personne qu'on aimerait croiser plus souvent, dont il faudrait que notre petite planète soit peuplée pour la rendre rayonnante. Je souhaite vraiment à tout le monde de connaître dans son entourage quelqu'un d'aussi merveilleux. Est-ce d'ailleurs un hasard si elle connaît Yannick et Sandra ? Il faudra que je vous parle de ces deux amoureux là, après tout ils font partie de ma famille de coeur et il se peut même qu'ils continuent de me lire depuis le temps.

La première fois que j'ai pris place dans la salle de classe, il a suffit que toutes ces chères têtes blondes se retournent vers moi pour me déstabiliser quand ma tutrice leur a dit qui j'étais. S'il m'en faut si peu pour paniquer, c'est la fin des haricots ! Il va falloir faire ralentir ce rythme cardiaque, respirer, reprendre son calme. Ca ne devrait pas être compliqué. Je prends quelques notes, je suis et j'observe avec attention la participation active des enfants, la motivation communicative de leur professeur. C'est dingue, depuis le fond de la classe je n'en reviens pas. Dingue à quel point elle peut ressembler à Emma Thompson par moments (mon actrice favorite pour ceux qui ne le sauraient pas encore) ! Je vous jure, c'était à s'y méprendre... tout y était, coiffure, gestuelle, humour... ouais je sais, ça n'a rien à voir avec ce que j'étais en train de raconter, je m'égare !

Je n'ai pas vu le temps passer, chaque jour, chaque soir, cette question m'obsédait : en suis-je capable ? Est-ce que je peux vraiment me retrouver seule face à eux ? Qu'est-ce qu'il se passerait si j'échouais ? S'ils remarquaient que je n'étais pas à l'aise ? S'ils se mettaient à rire ou s'ils n'avaient pas envie de participer ?
Marcher jusqu'au collège le matin me permettait de décompresser un peu, je songeais à mon parcours : j'ai eu des doutes sur l'obtention de mon bac, j'ai ensuite eu des doutes concernant celle de ma Licence. Au final malgré ce manque de confiance qui me caractérise, j'ai tout de même passé ces épreuves. Ma formatrice pense que je me sous-estime. J'aimerais volontiers affirmer d'entrée de jeu que je suis à la hauteur de ce que l'on peut attendre de moi... la terreur de l'échec m'en empêche toujours, me fait réagir de façon étrange même pour moi, c'est physique, je ne peux pas lutter et pourtant c'est ce que je vais essayer de faire une nouvelle fois. Me dépasser, me prouver que je peux y arriver, si c'est aussi terrifiant c'est bien parce que j'en crève d'envie. Ma tutrice l'a parfaitement compris.
- Demain c'est le grand jour.
Je sais comment ça va se passer, je vais stresser, cette fois interdiction de prendre de médicaments, je veux vivre ça dans mon état normal (oui... bon en fait je ne les ai pas trouvés, il faut être honnête, au dernier moment j'ai changé d'avis mais rien de disponible !). Il y a une chose contre laquelle je ne pourrais rien faire : il me sera impossible de dormir.
- Tu vas pouvoir penser à tout ça entre 4h et 5h du matin quand tu ne dormiras pas...
J'éclate de rire, elle a lu dans mes pensées. Oui c'est tout à fait ça. En y repensant il n'y a pas une seule fois durant cette semaine où je n'ai pas été d'accord avec elle. J'ai eu l'impression qu'elle me comprenait quelle que soit la circonstance, sa présence m'a rassurée, je lui dois beaucoup, j'ignore si un autre professeur aurait pu me guider comme elle l'a fait, sans vraiment le dire, je me sentais protégée. Comme un chuchotement à mon oreille : "tout va bien se passer".

J'ai craqué pour ces adorables élèves de sixième, qui bondissent sur leur chaise, le doigt levé jusqu'au plafond pendant presque toute l'heure. Bien sûr, il y a quelques rappels à l'ordre, ils sont facilement distraits, mais on lit sur leur visage qu'ils ont plaisir à être là. L'adolescence ne leur a pas encore affublé de complexes, ils peuvent sans rougir prononcer un mot dans une langue étrangère devant leurs camarades. Les sourires que je reçois, les "good morning", "thank you" et autres "goodbye" remplissent mon coeur d'une joie que je n'avais jamais éprouvée auparavant. Il n'y a rien de comparable, être choisie puis devinée au jeu de la description peut apparaître comme une banalité, je ne m'y attendais pas du tout à celle-là, et à nouveau je me sens pousser des ailes. Je n'aurais pas dû me servir de ma mauvaise expérience en tant qu'enfant pour les juger maintenant que je suis adulte, c'était idiot de ma part, je le regrette sincèrement. Evidemment tout n'est pas tout rose, mais les difficultés ne m'ont pas offusquée, celles que j'ai pu apercevoir m'ont plutôt rendue triste, j'aurais aimé proposer une solution-miracle pour les effacer, je crois que ces gamins ont fait de moi une vraie guimauve...
et me voilà donc face à eux. J'ai tremblé mais je suis restée jusqu'au bout et mieux que ça : j'ai grandement apprécié !! Il me reste encore deux essais pour m'améliorer. Ma tutrice m'assure que les élèves n'ont rien remarqué de mon anxiété, pour la deuxième classe cependant il faut que j'essaie de rester calme. Je crois que j'y suis arrivé. Cela faisait une éternité que je n'avais pas été si fière de moi. C'est un peu comme apprendre à faire du vélo : c'est difficile au début mais une fois qu'on est lancé c'est parti ! N'exagérons rien toutefois, il ne s'agissait que de quelques minutes, pas d'une heure, mais j'ai eu l'impression de pouvoir vaincre le monstre en moi, de pouvoir le faire taire définitivement et sachant d'où je suis partie ce n'était pas gagné d'avance.

C'est déjà terminé. C'était trop court, j'ai envie d'y retourner là, maintenant, tout de suite, comme un enfant veut refaire un tour de manège. Et il va me falloir dire au revoir à ma chère tutrice. Comme elle va me manquer ! J'avais prévu de lui offrir un livre si jamais je passais le test sans trop de problèmes. Je lui ai demandé ses derniers conseils, elle pense que je m'en suis bien sorti, mon bonheur est total. J'ai eu peur de m'emporter, ça m'arrive souvent, mais j'ai décidé d'être spontanée, je me suis dit "tant pis si elle pense que j'en fais trop, c'est à la hauteur de ce qui secoue mon être à ce moment précis". Quand j'aurais pris ma décision pour le Master, je lui ai promis de la mettre au courant. J'ai besoin de prendre un peu de recul après toutes ces émotions, il ne faut pas que je me laisse bercer d'illusions, je n'ai vu que la surface de l'iceberg, même si elle me semblait déjà impossible à affronter. Je ne vais pas réfléchir trop longtemps, je n'en ai pas les moyens et je ne veux pas laisser le doute s'installer au sujet de mes capacités. Bien sûr, il y a peu de places et je n'ai jamais fait partie des meilleurs éléments, mais pour une fois je veux prendre une décision et croire que c'est la bonne, je veux aller jusqu'au bout à mon tour, sans plus baisser les bras.

3 janvier 2011

Sweet dreams agony

Scream_by_BenHeine

Vous est-il déjà arrivé d'ouvrir les yeux le matin en vous disant "quel cauchemar horrible, heureusement que je suis réveillée maintenant" avant de vous rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'un cauchemar mais de ce qui s'était passé la veille ? C'est comme ça que je me suis réveillée le matin du 2 janvier 2011 et ce matin également, le souffle court, trempée de sueur. A vrai dire je me demande encore comment j'ai réussi à m'endormir alors que j'ai passé les trois quarts de la nuit secouée par les sanglots, dans un état maladif, et que mes yeux sont encore gonflés de larmes. Je porte le deuil. La douleur est vive, impossible de lui en faire parvenir l'intensité malgré mes appétits primitifs de vengeance. Je voudrais qu'elle ai mal comme j'ai mal, un être humain ne devrait jamais infliger ça à qui que ce soit. Mais de son côté, c'est le vide.

Et tu n'y es pas du tout, nos chemins ne se sont pas séparés, l'image est loin d'être appropriée en ce qui nous concerne, c'est toi qui a décidé de me laisser tomber, c'est différent. Je suis sur le bord de la route et toi tu avances en chantonnant gaiement. Si tu avais regardé un instant derrière toi tu aurais bien vu que je n'arrivais pas à me relever, tu m'aurais entendu crier ton nom. Si tu as lu ce que j'avais écrit, tu aurais pu au moins retenir l'essentiel : j'avais besoin de toi.

- Accusée levez-vous.
Le juge me regarde de haut, vêtu de sa longue cape noire menaçante, il ressemble aux avocats qui eux-mêmes ressemblent au procureur, comme si tout était joué d'avance. Je me lève docilement même si je tiens à peine debout.
- Vous êtes accusée d'avoir volontairement perturbé la plaignante ici présente en lui demandant si elle revenait vous voir pour les vacances. Que plaidez-vous ?
- Non coupable Monsieur le juge.
Des cris de stupeurs s'élèvent dans l'audience. Quel affront !

Parce que non, vraiment, je ne me sens pas coupable de quoi que ce soit dans cette histoire, au contraire, je ne me suis jamais autant sentie victime, non que la position me plaise mais le ciel m'est littéralement tombé sur la tête. Parce que je croyais que notre amitié, qui avait traversé tant d'épreuves, ne pouvait pas se terminer sur quelque chose d'aussi stupide (et le mot est faible). Jamais je n'ai exigé qu'elle ne se justifie, elle n'avait qu'à répondre "je ne peux pas", je n'aurais pas insisté, j'aurais très bien compris. Elle ne peut pas m'en vouloir pour ça, pas elle, moi qui ai tant pensé qu'elle était une personne sensible, son coeur ne peut pas se révéler plus dur que la pierre voire carrément inexistant... et pourtant...

- La parole est à la plaignante.
- Tu n'es qu'une égoïste, une pleurnicheuse, je t'ai aimé jadis mais je me suis lassée tu comprends ? Va jouer ailleurs, tu m'ennuies. Joyeux anniversaire. Je te souhaite tout le bonheur du monde, la santé tout ça. Tu sais je ne voulais pas gâcher ton réveillon, je pensais que le 24 décembre suffirait mais tu es la pire des sangsues, je savais que tu reviendrais à la charge parce que tu es attachée à moi. Je n'y peux rien si désormais tu m'indiffères.
Le juge et les avocats hochent la tête à chacune de ses phrases tels des automates. Le procureur ne peut s'empêcher d'ajouter :
- Quelle bonté d'âme face à cette miséreuse qui fait la manche des sentiments !
Je serre les poings, jamais je n'aurais imaginé qu'elle me sortirait des énormités pareilles. Jamais je ne pourrais comprendre puisque tout ça n'a aucun sens, digne du procès de Kafka. J'ai tout lu, relu et relu encore, je dois être masochiste. C'est un pretexte, si ça n'avait pas été ça elle aurait trouvé autre chose. Je me demande pourquoi elle a attendu tout ce temps, parce que je n'ai pas changé, avec elle j'ai toujours été la même, une amie fidèle sur qui elle pouvait compter quoi qu'il arrive. Il faut croire que ce n'était pas suffisant. Je pensais qu'elle était adulte, quand on est adulte on a des problèmes plus graves en général, on ne brise pas des liens si forts pour des gamineries. Elle est là, froide comme la glace :
- Je n'aurais pas du te demander de comprendre, je sais bien que ce n'est pas dans tes capacités, tu es plutôt limitée à ce niveau. Tu ne peux pas te mettre à ma place une seconde, c'est trop te demander.

C'est un peu ce genre de situation :
- Salut ! Ca va ?
- Putain tu viens me demander si ça va ?! Tu es gonflée, comment peux-tu oser ?!! Tu remues le couteau dans la plaie là !

Le juge reprend, un sourire en coin :
- N'est-il pas vrai que vous lui avez posé la question à deux reprises ?
- Oh la oui crime impardonnable devant l'éternel !!! Honte à moi !!! Il se trouve que les deux fois où j'ai posé la question la situation, de mon point de vue, était différente, à savoir que la première fois elle m'a répondu qu'elle n'avait pas de vacances.
- Attention mademoiselle, il ne faut pas confondre fermeture de la boîte dans laquelle elle travaille avec des vacances, parce que vous n'avez sûrement pas bien lu la première fois mais : ON A PAS DE VACANCES AVANT JUIN QUAND ON A UN CDI BORDEL !!
Je croise les bras.
- Si, si, en une fois c'est rentré dans mon minuscule cerveau vous savez. On ne dirait pas comme ça mais c'est assez spacieux, on peut même y caser des trucs comme de l'affection, si ça vous dit quelque chose.

Etre prise pour une conne, j'adore, c'est énoncé de manière si subtile, comme si je n'allais rien remarquer... sarcasme vous dîtes ? Un peu foireux mais la tentative est là, je prends note.

On pourrait prendre la situation en enlevant les identités si on veut un peu d'objectivitén d'ailleurs j'ai beau l'exposer on me répond invariablement que c'est débile. La personne que vous avez toujours considérée comme votre meilleure amie habite à l'autre bout de la France. Elle rentre tous les ans d'ordinaire pour les fêtes de fin d'année mais cette fois elle vous annonce que ce ne sera probablement pas avant l'année suivante. Et soudain, il s'avère que finalement elle a une semaine de repos "forcé", que faites-vous ? Naturellement, est-ce qu'il ne vous viendrait pas à l'esprit de demander si elle rentre ne serait-ce qu'un peu ? Sans penser à mal, elle ne peut quand même pas vous en vouloir si la réponse est négative.... vous n'allez pas devenir responsable du fait qu'elle ne puisse pas se déplacer, si ? Ah bah si alors...

- Sérieusement, vous vous rendez compte que vous lui avez rappelé ce fait (qu'elle aurait certainement oublié si vous ne lui aviez pas posé la question) qu'elle ne pourra pas revoir sa famille pour Noël ?
- Je veux bien mais qu'est-ce que j'y peux moi là dedans ? Bien sûr à sa place j'aurais été triste, c'est une évidence ! Mais qu'est-ce que je viens faire là ? J'ai juste posé une putain de question parce que je voulais savoir ! Pas parce que je voulais qu'elle en souffre, merde ! C'est pourtant pas compliqué, ça ne sous-entendait aucun reproche puisque je ne connaissais pas la réponse !! Les raisons je m'en foutais ! En fait non c'est pire que ça, si elle avait besoin de repos je l'aurais même encouragée à rester chez elle !
- Assez ! Je vous condamne à la pendaison jusqu'à ce que mort s'en suive et...
Je proteste vivement, c'est trop facile :
- Attendez ! Pourquoi on ne parle pas de la haine qu'elle a deversé sur moi ! Du coup de "tu as été une soeur pour moi mais aujourd'hui que dalle, on se revoit dans 50 ans et on se boira un jus à l'occasion !", du message agréable le 24 décembre, du temps qu'elle a mis à ne pas me répondre, du tout à fait sincère "je ne voulais pas gâcher ton réveillon du 31" et de l'encore plus bisounours "je te souhaite le meilleur pour l'avenir, vraiment, je viens de te balancer les pires horreurs que tu aies pu imaginer mais je t'assure, porte-toi bien !"...

On m'encercle, on me fait sortir par la force, j'ai beau me débattre il n'y a rien à faire. La plaignante se frotte les mains et rit aux éclats avec le juge et son avocat, je ne diabolise pas, j'aimerais bien mais la réalité a ratrappé l'imaginaire le plus pessimiste. Je ne la verrai plus du tout, je ne l'entendrai plus jamais et la blessure en moi ne se refermera pas. Pour elle, c'est à peine l'équivalent d'une tape dans le dos, comme si elle n'avait jamais su qui j'étais, pour moi l'univers s'écroule et me ramène à une inévitable solitude, le passage obligé de ma vie en toutes circonstances. Je l'ai souvent comparée à un phare. Le gardien s'est noyé après avoir survécu à bien des tempêtes, il n'a pas lutté le moins du monde et s'est écrasé contre les rochers, ses os se brisant dans un grand fracas.

19 novembre 2010

ありがとう

Il convient de préciser que l'adage qui veut que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis est une absurdité sans nom. Tout dépend bien évidemment de la situation et de l'avis en question. Toutefois, récemment, j'ai remarqué une évolution dans ma façon de penser.

Il y a une chose sur laquelle je ne changerai pas d'avis : j'ai les meilleurs amis qu'une personne puisse rêver d'avoir.

Il y a un site très sympathique, que je vous invite tous et toutes à rejoindre, qui s'appelle Lastfm (www.lastfm.fr). La fameuse KOKIA dont il va être question dans cet article est classée 6ème dans les artistes que j'écoute le plus. Il faut savoir que j'ai eu mon ordinateur il y a presque trois ans, donc ce classement est basé sur ces trois dernières années et il ne prend évidemment pas en compte les écoutes de mon lecteur mp4 qui doit pourtant fonctionner plus souvent que windows media en ce qui me concerne vu la vitesse à laquelle il se décharge.1567037460_small Trève de statistiques, KOKIA est une artiste que j'aime beaucoup et ça ne fait aucun doute. Je me souviens des frustrations passées depuis le lycée, du désespoir qui s'était emparé de moi le jour de son premier concert à Paris. Je me confiais alors à Liline et Mathilde sur le sujet, j'en ai même parlé à ma soeur, songeant que je passais sûrement à côté de la chance de ma vie. Quand j'évoquais KOKIA avec Sano, avant même de lui faire découvrir l'artiste, je parlais de paysages oniriques, de couleurs et de douceur, l'écoute de certaines chansons me faisait presque entrer en transe tellement sa voix et ses compositions venaient d'ailleurs. J'ai beau essayer de trouver un équivalent ou un artiste dont la musique se rapprocherait de la sienne, rien ne me vient à l'esprit et pourtant ce n'est pas faute d'avoir cherché. On peut critiquer beaucoup de choses chez cette chanteuse, mais le fait est qu'elle possède une voix envoutante et qu'il n'est pas surprenant qu'elle soit sortie du conservatoire de Tokyo avec les honneurs.
Et forcément, quand Sano m'a annoncé qu'elle partait pour Paris avec ses amis pour aller assister à son concert, j'ai d'abord eu un sentiment assez primaire de jalousie, considérant qu'il y avait dans ce monde un doseur d'injustices globalement pointé sur ma pomme la majeure partie du temps.
Le concert auquel j'ai pu assister a eu lieu à Brest le 20 octobre dernier. Sans Nani, jamais je n'aurais pu y assister et la frustration aurait été d'autant plus grande que pour une fois l'évenement avait lieu dans mon département. Pas à Paris, pas à Rennes, non, beaucoup mieux que ça : Brest ! Une petite ville comme ça, je me suis dit que le concert serait intimiste, qu'elle serait proche de nous, qu'elle aurait du temps à nous consacrer... j'ai peut-être attendu un peu trop de la part de la chanteuse.

Alors bon déjà je savais qu'humainement KOKIA était plutôt du genre mièvre, j'avais pu le constater à de nombreuses reprises en lisant des traductions des paroles de ses chansons ou en écoutant les messages adréssés aux fans sur le net. Pour elle, tout le monde est beau et gentil, le monde est amour et elle est là pour nous faire ressentir cet amour avec sa voix qui est un don de Dieu... bon je suis moi-même mégalo mais la différence c'est que chez KOKIA c'est du sérieux ! Pas de second degré, elle arrive sur scène sous les applaudissements, lève les bras telle une diva, elle n'autorise qu'un seul et unique rappel et fait la promo du stand de marchandises à l'entrée de la salle (10 euros les trois photos si je me souviens bien ? 10 euros le poster aussi). C'est encore du détail mais passons. La setlist était loin d'être parfaite, j'ai osé attendre la sublime I believe ~umi no soko kara~ mais j'ai été bien naïve, dommage pour une première experience en province, c'était l'occasion de fidéliser pour longtemps le public qui comme moi n'avait jamais assisté à l'un de ses concerts. C'était court, une heure et demie ça passe à une vitesse folle, le son n'était pas très bon (trop d'échos entre autres) et l'accompagnement d'une seule guitare du début à la fin, excépté une bande son de piètre qualité pour la meilleure chanson du concert (Chouwa oto ~with reflection~). Mais j'ai eu de la chance : j'étais assise au deuxième rang ! Les derniers arrivés ont du se contenter des "places" assises... à même le sol ! Les derniers concerts de KOKIA avaient fait couler beaucoup d'encre virtuelle concernant un certain manque d'organisation, je pense qu'il n'y a pas eu d'amélioration cette année hélas, et pour une trentaine d'euros, je peux comprendre la déception.

Pic_kokia_tour_2010

Toujours est-il qu'à la fin du concert, pour mon plus grand bonheur, il n'y avait pas besoin d'acheter de marchandise sur place pour obtenir une dédicace (oui, ça se fait sinon), comme j'étais venue avec mon cd d'Ai ga kikoeru (n'achetez pas chez Wasabi records, c'est de l'arnaque) j'ai pu avoir une dédicace sur la couverture cartonnée ♥
Pas plus d'un autographe par personne, non personnalisé, j'ai vite compris qu'il valait mieux ne pas traîner une fois devant la chanteuse. Et pourtant, j'aurais eu tant de choses à lui dire !! Lui demander si elle avait lu ma lettre lors de son premier passage en France, si elle était d'accord pour que quelqu'un nous prenne en photo toutes les deux, lui dire que ça fait des années que j'attends ce moment... beaucoup trop de choses, je me suis contentée de lui dire merci pour le concert (en Japonais), elle a répondu "de rien !" et je lui ai demandé de revenir... "I hope so !". I hope so ? De quoi ? Pardon ? La dernière personne qui m'a dit ça c'est... Ayu herself ! Et ça date de 2008, elle n'est pas reviendue depuis !! Je dois déjà partir ? "Bye bye !" Eeeeeehh mais non attendez, je veux lui demander de revenir à Brest, pas à Paris, j'aurais du préciser ! Punaise je suis déjà dehors, je n'ai qu'une envie c'est de retourner à l'interieur mais je reste là à fixer le camping car de la chanteuse dans la nuit froide (je rajoute du drame un peu).11264409
Donc voilà, j'ai apprécié le concert, si elle revient je pense que j'aurais envie d'y retourner, je suis faible. KOKIA est bien plus jolie en vraie que sur n'importe quelle photo, par contre je ne l'ai pas sentie aussi proche de son public qu'Ayu ça c'est certain et c'est dommage vu l'occasion qui s'est présentée. Personne n'est parfait, je ne vais retenir que le meilleur et lui redonner une chance si elle revient comme elle dit l'ésperer.

Je reviens quelques instants sur Lastfm ! Ce site est interessant non seulement parce qu'il vous permet de voir quels artistes vous écoutez le plus (et j'ai eu des surprises !) mais il possède également un outil permettant de calculer un taux de compatibilité avec vos amis. Je me demande s'il est possible d'avoir un pourcentage élevé dans ces conditions, et je me suis mise à penser qu'il était impossible d'avoir 100% de compatibilité, la musique que nous écoutons serait donc une carte d'identité aussi précise que l'ADN, génial, non ?

Les visages des personnes que je croise ces derniers temps semblent dire "ça va aller Kane, ne t'inquiète pas, moi je ne vais pas te blesser." Je veux y croire de toutes mes forces.

9 octobre 2010

Life is (not) beautiful baby !

Nani dit que les gens qui se séparent après de nombreuses années d'amitié n'ont pas suivi le même chemin, ont évolué de façon différente, comme les branches d'un arbre qui se divisent. Ceux qui continuent ensemble ont fait route dans la même direction. Quand j'étais petite, j'avais peur de grandir, surtout parce que je croyais dur comme fer que les adultes et les enfants étaient des entités bien distinctes et que pour devenir adulte, je devais d'abord mourir en tant qu'enfant. J'étais persuadée qu'une fois adulte, je ne serais plus jamais "moi" comme je l'entendais à l'époque. Il m'arrive de me demander aujourd'hui si j'ai tué la petite fille. Je crois que non, j'en ai pour preuve certains rires et certaines blessures inavouables. Cependant, si je suis seule dans la rue et que je me mets à courir et à crier, les gens vont se dire "elle est folle". Les adultes s'interdisent beaucoup de choses histoire de se différencier des enfants, au final je ne suis pas persuadée que ces règles tacites soient une bonne chose. Ou alors  suis-je la seule à avoir parfois envie de faire des gamineries ? Est-ce que tous ces gens qui marchent dans la rue tête baissée, sans un sourire et dans un silence religieux ont vraiment envie de se comporter comme ça sans arrêt ?

Ces derniers temps, une vérité m'obsède. C'est ridicule mais ça me rend incroyablement triste. J'ai appris qu'on avait ses premières rides vers l'âge de 25 ans. Aussi, sans que j'y fasse attention cette idée me traverse l'esprit que j'aurai mes premières rides avant de vivre mon premier amour. C'est stupide, je le sais bien. Mais c'est quand même là et bien là, n'en déplaise à ceux qui préfèrent me dire que "la roue tourne". C'est beaucoup plus proche, beaucoup plus réel, beaucoup plus inévitable qu'un "tu verras, ça viendra, tu es encore jeune" sans fondement. Et si je meurs demain ?

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A chaque fois je me dis que sa musique ne me fera plus autant d'effet qu'avant. Et à chaque fois mon coeur bat la chamade, mes yeux brillent, je cède sous cette émotion incontrôlable. En cela la musique est unique, celle d'Ayu l'est d'autant plus qu'elle provoque chez moi d'inévitables coups de foudre. J'ai bien cherché la rationalité, j'aime certains artistes parce que sur le plan intellectuel ils m'incitent à la reflexion, me poussent à l'admiration et explorent des domaines que d'autres délaissent habituellement. Mais pour Ayu c'est de l'émotion à l'état brut. Bien sûr elle a d'excellentes idées, bien sûr certaines paroles font écho à des situations particulières et j'apprécie le timbre de sa voix ainsi que son univers. Mais dans l'ensemble c'est inexplicable et par conséquent bien plus fort. Quand je me sens seule, elle me console, et ce soir je me sens terriblement seule.
Entre les amies qui sont loin, les amies qui s'en vont, les amies qui m'oublient, les amies que je ne vois pas souvent... que me reste-t-il ? Qu'ai-je à moi et rien qu'à moi pour me tenir compagnie ? J'ai besoin de déclarations enflammées, de promesses d'éternel, je vous jure que j'y croirai, mais il faudra me les répéter souvent car mon coeur épuise les mots en quelques secondes. Le froid seul m'enveloppe d'amertume. Cette envie d'en vouloir à quelqu'un, une personne sur laquelle se cristaliserait toute ma haine, à défaut de mon amour. Et si je me mettais à hurler, là, maintenant ? Si je cognais dans le mur, si je réveillais toute la maison dans un accès de rage, que se passerait-il ? J'en veux à la planète entière d'être aussi moche et aussi peu aimante. J'en ai plus qu'assez de chercher de l'amour là où il n'y en a pas, de me raconter des histoires pour m'endormir. Je voudrais redevenir une enfant ou bien devenir folle, ce serait bien plus simple, beaucoup moins douloureux.

- Je t'aime.
- Ah oui, sûrement, mais tu n'existes même pas, je viens de t'inventer pour me distraire. Disparais, je ne veux plus t'imaginer, je ne veux plus me faire de films stupides qui viennent enlaidir la réalité. Très franchement, elle n'a pas besoin de ça.

Je suis une créature exceptionelle. Oui, Monsieur. Je suis sous votre regard le croisement improbable d'une table basse, d'une plante d'interieur et d'un monstre repoussant. Curieux personnage, je déambule sous vos yeux fixes. Je peux comprendre, il y a autour de nous d'aussi belles personnes qu'interessantes, à tel point d'ailleurs qu'elles m'interessent aussi, vous n'avez pas idée. Je ne mords pas, hélas, on m'entend à peine, je me fonds merveilleusement bien dans le décor. Je suis quasi-transparente à tendance noireâtre. Je n'ai pas même le temps de prendre la poussière que me voilà déjà dehors. J'agite bêtement mes moignons caoutchouteux dans votre direction, je marmonne un son grésillant qui parvient tout juste à irriter vos précieux tympans. Voilà, c'est moi, l'image est floue, je suis d'humeur vitrée.

Je prends l'air. L'automne est arrivé avec violence cette année. J'ai envie d'aller voir ailleurs. Chaque instant est douloureux et j'aimerais avoir assez de force pour reprendre espoir. Je ne sais pas où je vais, il en a toujours été ainsi mais c'est comme si la porte venait de claquer et que je me rendais compte que ce n'était que le vent. S'il vous plaît arrêtez de me dire que tout est possible, je n'ai plus envie de croire, la chute est trop brutale.
Et si personne ne me voit tomber, qui viendra me tendre la main pour m'aider à me relever ?

Dieu parla ainsi à Pierre, Paul et Jacques :
- Vous devrez emprunter ce chemin, il n'est pas facile mais il mène au Paradis alors vous pourrez endurer ses épreuves. De plus, vous bénéficierez de moments de bonheur de façon relativement régulière. Oh bien sûr ce ne sera pas tous les jours, voyez le virage là est un peu dangereux et il faudra grimper quelques côtes. Mais globalement vous n'aurez pas à le regretter.
Puis il parla en ces mots :
- Ah ! Kane, bon alors je suis désolé mais j'ai perdu le plan de ta vie, je pense qu'il faudra tourner là et après ici, tu vas rencontrer des alligators. Ah et ensuite tu passes par là et... c'est bon je crois.
- Euh mais regardez, si je fais ça je reviens au point de départ !
- Ah oui pardon, satanée myopie, ma vue est limitée à deux ans.
- Vous blasphémez, je ferais mieux de prendre votre place. Quelle idée saugrenue les humains ont eu de vous inventer.
- Tu crois pouvoir faire mieux ?
- Faites-moi oublier cette conversation à la naissance. Je pense que je finirai par me rendre compte assez rapidement du merdier dans lequel vous m'avez mise mais personne ne voudra me croire. Il est également souhaitable de me rendre athée, sinon vous prendriez cher.
- Ah oui bravo, je pense que tu viens de faire mieux.

...

You_Don__t_Have_to_Leave_by_nFeel

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19 août 2010

Comment tolérer l'intolérable ?

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Encore une soirée... oui je sais la tolérance c'est accepter chez l'autre un défaut, une pensée avec laquelle on est pas en accord. Mais je n'y arrive pas, j'ai horreur de ça, leurs propos me crispent et me rendent malade. Je ne peux pas me taire et à chaque fois je termine en état de transe, tremblante, avec une violente envie de hurler. Il ne faut pas que je reste trop longtemps ici. Je ne peux pas le supporter. Dans mon optique anti discrimination et ma lutte contre la catégorisation d'un ou plusieurs groupes de personnes, il me faudrait pouvoir simplement accepter que ces gens là ne pensent pas comme moi et passer à autre chose. A la limite, me taire et essayer de passer outre, détourner mon attention de la conversation, faire comme si je n'entendais pas. Heureusement, ce soir je n'étais pas seule, je dois avouer qu'entendre quelqu'un dire "oui l'immigration apporte du positif" pour appuyer mes paroles, ou "il y a des cons partout, il n'y a pas que les Roumains, chez les bretons aussi il y a des cons etc..." ou bien encore "Les terroristes ce ne sont pas de vrais musulmans", c'est une immense consolation.
Il en faut du courage pour porter sur ses épaules en silence des phrases regorgeant d'immondices à vous donner la nausée. Il faut les entendre les "de toutes façons les homosexuels ils ne nous aiment pas, ils se vengent à la moindre occasion, tiens c'est pas une coïncidence si les deux derniers DRH que j'ai vu étaient PD, en plus ils s'affichaient avec leur mec, ils sont doués pour ce travail parce qu'ils sont sadiques...".
Et le classique, l'inégalable, le sempiternel refrain, le numéro par lequel ils passent forcément dès qu'il y a un homme ou une femme de couleur devant eux : "t'es de quelle origine ?"... On s'empresse aussi de dire "ah non les gens du voyage je ne les aime pas, ils sont tous pareils, là dessus je ne fais pas de distinction". "Comment il faut les appeler déjà ?" "Les gens du voyage ?" "Ah oui c'est ça." suivi de cette impression d'avoir entendu la personne penser tellement fort à des tas d'autres noms, sûrement orduriers. A vomir, encore et encore, mes tripes sur la table si ça peut calmer leurs ardeurs, leur fierté mal placée d'hétéro blanc Français "pure souche" à la con.
Ces mêmes gens qui disent aimer l'histoire, exigent qu'on se souvienne des atrocités de la seconde guerre mondiale et finissent par sortir que finalement le bagne serait peut-être une solution pour certains, que les jeunes aujourd'hui sont beaucoup moins bien éduqués qu'à leur époque (retour sur les cours d'histoire, je n'ai pas pu m'empêcher de dire "oui c'est vrai on est tous des abrutis aujourd'hui")... Affligeant, révoltant. J'aimerais savoir comment me calmer dans ces moments là et je réalise à peine quand mon paternel ajoute "oui, les gens du voyage, bah si, tu te souviens la dame qui s'était garée sur la place handicapé"... c'est vrai, aucun "Français pure souche" n'irait faire ça. Ca sent mauvais, la plus putride des odeurs qui reste encore plusieurs jours après, je vais tourner et retourner dans ma tête les répliques que j'aurais du avoir en temps voulu, je veux cesser de voir sur leurs visages cet air suffisant, sûr de détenir la vérité et d'être juste et bon. Et on se fait la bise, on se dit au revoir comme si ces mots n'avaient aucun impact. Je comprends pourquoi il ne faut pas que je reste trop longtemps, c'est du racisme et de l'homophobie mais en version nuisible. C'est sournois, plus ou moins discret mais quand ça attaque, ça ne lâche plus sa proie avant de l'avoir déchiquetée. On y échappe pas, chaque repas familial donne lieu à ces discours poussiéreux et de ce côté là, finalement, on est assez proche des idéaux de la clique maternelle. Ca se donne bonne conscience avec des phrases types, bien pensantes et complètement absurdes : "Oui il y a des noirs qui sont très biens, d'ailleurs ils sont même surement mieux que les blancs !" (n'importe quoi le plus total et le plus hypocrite jamais entendu) mais ça révèle assez rapidement sa véritable identité, répugnante, ça parle de "bougnouls" et autres expressions pleines de respect accompagnées des moues les plus pittoresques. Je suis sûre que je ne suis pas la seule à connaître ces situations, on est mal à l'aise, on quitterait bien la table mais ce serait mal vu et on ne parvient pas à se concentrer sur les autres sujets, celui de votre conflit interieur, qui n'a en fait lieu qu'entre vous et vous-même (puisque personne ne se rend compte de la portée que peuvent avoir de tels propos) monopolise toute votre attention. Mais moi, qui demande à ce qu'on ne mette pas tout le monde dans le même sac, je ne peux pas les regarder comme des proches, tout ce qu'ils disent dès lors est transformé, à mes yeux ils se diminuent eux-mêmes et je ne peux plus éprouver pour eux ni admiration ni véritable sympathie... quelque chose se brise, comme impossible à reconstruire. Je ne parviens pas à leur ouvrir l'esprit et je considère cet échec comme rédibitoire, ils sont adultes, personne ne peut plus les changer maintenant et je ne peux pas les accepter comme ils sont. Ma soeur me l'a bien fait comprendre, ils ne changeront pas, mais je ne pourrais jamais m'y faire non plus.

Citation du jour : "les Allemands sont un peuple profondément raciste."

13 juin 2010

... My name is ...

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Goodbye and good luck, ce sont les derniers mots qu'elle m'a adressé en ouvrant la porte de son bureau. Je n'avais jamais remarqué, en fait je crois que je n'avais jamais été en face d'elle, elle plisse parfois les yeux, donnant l'impression que ça y est, elle sait tout de vous, il n'y a plus rien à cacher. Je ne l'ai pas toujours admirée, en fait la première fois que j'ai eu affaire à elle, elle était lectrice (du moins c'est ce que je croyais) et nous donnait des cours d'expression orale... en comparaison avec Jenni je crois que n'importe qui m'aurait semblé barbant et pour cause : là où Jenni nous parlait de binge drinking, de musique et nous apportait des bonbons, Maria elle nous donnait chaque semaine un texte sur lequel travailler, le seul dont j'arrive à me souvenir à présent c'était l'empreinte environnementale... forcément elle souffrait de la comparaison ! Et puis elle était si sérieuse ! J'ai encore à l'esprit la colère noire dans laquelle elle était entrée parce qu'une fille du groupe n'avait pas envie de participer, même si bien sûr Maria avait raison, (et que cela tombait bien, je n'aimais pas la fille à qui elle s'attaquait) elle m'avait fait sacrément peur ce jour là. Peu de temps après je m'empressais de supplier Jenni de nous reprendre dans son groupe pour nous sauver des griffes de sa tyranique collègue. Elle a gardé ce côté sévère mais juste puisque cette année encore sur ses polycopiés on pouvait lire en gras "if you did not prepare your work, DO NOT COME TO CLASS !". Elle est la seule à faire ça, tout comme elle est la seule à passer une heure entière de son cours à nous répéter que le plagiat c'est le mal et qu'il faut à tout prix éviter de céder à la tentation. Je ne lui reproche rien mais c'est ce trait de caractère qui m'a terrifié lorsque j'ai appris que j'allais passer un oral avec elle. Bon, pour tout expliquer dans l'ordre je dirais que je ne l'ai revue que lors de ma seconde deuxième année, en cours de littérature. Elle m'avait oubliée -of course- et c'est lors d'un cours à propos d'Hamlet de Shakespeare qu'elle m'a demandé mon prénom avant de souligner la coïncidence d'un sourire aimable. Je n'attendais pas grand chose de ce cours mais je me suis bien vite rendu compte qu'il allait me redonner le goût pour cette matière (et quelques sueurs froides à l'idée d'être interrogée régulièrement). Vous devriez la voir s'agiter pour faire participer la classe, parler avec passion des personnages et faire diverses références à toute autre chose. Le débat est toujours ouvert, sur tout, ainsi j'ai découvert que Robinson Crusoe était capitaliste et que si le livre en lui-même n'était pas une œuvre d'art, il soulevait bien des questions sur la société de l'époque et le point de vue de l'auteur à travers son personnage principal. J'ai vu se battre en duel les deux frères ennemis de Durrisdeer à la lueur d'une bougie, la folie prendre possession des personnages d'Hamlet derrière les masques... j'ai eu l'impression de souffrir le martyr sur les copies d'examen mais au final j'ai sûrement été victime de mon admiration pour celle qui avait des idées si brillantes, des idées que je n'aurais pu avoir seule, ce qui explique peut-être mes notes désastreuses...

Enfin, lundi dernier, je croise Johan qui me dit que son oral a lieu le lendemain... je trouve ça étrange, le mien n'a lieu que la semaine suivante et je ne connais pas le professeur, ce que je préfère très clairement. Il faut que je l'avoue : ma plus grande peur était de me retrouver face à Maria, pas seulement parce qu'elle impressionne, tout le monde est d'accord là dessus, mais surtout parce que passer un examen pour la sixième fois face à quelqu'un qui vous connaît ne serait-ce que de loin est quand même une honte sans nom en ce qui me concerne. Toujours est-il que Freud aurait sûrement qualifié mon geste d'acte manqué lorsque je me suis inscrite aux rattrapages du mauvais semestre. C'est donc la veille que j'apprends que la case restante dans laquelle je dois m'inscrire désigne l'inévitable bureau L135. Je me surprends à penser "plutôt avoir l'appendicite que d'y aller, je vais mourir !". Parlons-en du fameux "je vais mourir", cette phrase agaçante à tendance à revenir régulièrement me torturer ces derniers temps, depuis la fin de la première session des examens en fait. Vous avez déjà eu l'impression que d'une seconde à l'autre vous alliez mourir ? C'est ce que je subis tous les jours et toutes les nuits à quelques exceptions près, des peurs paniques de mort imminente totalement injustifiées. Il me semble que c'est du à mon incertitude et mon pessimisme par rapport à l'avenir proche et malheureusement pour l'instant je ne peux pas y faire grand chose, la solitude accentue probablement le mal.

Mardi 8 juin 2010, j'ignore encore comment mes pieds m'ont portée jusqu'à l'université mais je suis en avance, la boule au ventre, tremblante. Faire comme si je ne la connaissais pas, difficile mais possible avec énormément de concentration sur le sujet. Je croise le blondinet membre de l'association d'Anglais (mais si vous savez, le passionné de poisons en tous genres...), nous discutons très brièvement car l'entretien précédent vient de se terminer, c'est à mon tour de prendre un sujet. Master of Ballantrae... ça ne vaut pas Hamlet mais c'est toujours mieux que Robinson et puis pour la chance qu'Hamlet m'a porté jusqu'ici... une heure pour composer. Je reprends ma mauvaise habitude de tout rédiger, malgré les conseils avisés d'un autre professeur, je me sens toujours incapable de faire autrement, ce qui me fait perdre du temps. Je crains qu'elle ne me prenne la feuille des mains lors du passage à l'oral, auquel cas j'imagine être dans l'incapacité la plus complète de formuler la moindre phrase. Elle n'a cessé de répéter au cours de l'année qu'il n'y avait rien de plus ennuyant pour l'examinateur qu'une personne qui lit son texte et avait menacé de retirer la feuille à l'étudiant si cela se produisait avec elle. L'heure passe à une vitesse folle et me voilà déjà de retour devant la porte du bureau. Elle me réclame quelques minutes, le temps de passer un coup de fil. Maria et son téléphone portable, une grande histoire, il a sonné deux fois pendant l'entretien mais ça ne m'a pas étonné, ça lui arrivait aussi en cours (ce qui donnait lieu à des répliques cultes) et après tout, ça arrive si souvent aux étudiants, je ne vois pas pourquoi ce serait plus inquiétant de la part d'un professeur (en plus il était de ma couleur préférée, je lui aurais bien chipé, foi de Shipper =^.^=). Pendant le temps très court où elle disparaît je tente vainement d'apprendre mes notes par cœur et le stress monte d'un cran. Useless ! Je me demande comment elle a fait pour être si rapide, elle me fait signe d'entrer et de m'asseoir. Voilà, maintenant je ne peux plus reculer (ai-je vraiment eu cette possibilité auparavant ?), je lis mes notes et je m'aperçois que je suis moins seule que face aux autres professeurs qui restent silencieux. J'avais oublié qu'elle ponctuait les phrases de ses étudiants par des "hmm, yeah", ça peut paraître dérisoire mais c'est bien moins angoissant que de devoir tenir 20 minutes face au vide sonore intersidéral (je ne les tiens jamais évidemment vu ce que je suis capable d'écrire en une heure même en allant vite). Pour éviter qu'elle ne m'accuse de trop lire, je relève régulièrement la tête tandis qu'elle prend des notes, le risque ultime de cette manœuvre délicate est de se perdre ou de se tromper de ligne mais je crois m'en être sortie pas trop mal. Fiuu. Fini, j'attends les questions, elle continue d'apporter de nouvelles perspectives à l'analyse du livre (quand je vous dit qu'elle est fascinante), je perds quelque peu mes moyens en oubliant une partie essentielle de l'histoire... oserais-je dire que les conditions (grève + AJAC cette année avec deux cours ayant lieu en même temps + 7 œuvres à lire pour la troisième année) ont joué contre moi à cette occasion ?
Conclusion de tout ceci, elle semble "agréablement surprise", me dit qu'elle ne s'attendait pas à cela (après réflexion... à quoi s'attendait-elle ?). A mon tour d'être surprise : elle m'affirme qu'elle ne me considère pas comme quelqu'un de timide, que même en cet instant, en face d'elle, alors que je suis tremblante et que mon cœur bat la chamade, j'ai l'air sûre de moi... J'avais des preuves, j'aurais pu lui dire que depuis 4 ans je n'arrive même plus à aller vers les autres, ne seraient-ce que mes camarades de classe et que je suis en train de raconter ma vie (médicaments, perte d'appétit...) parce que je parle à mes murs le reste du temps. J'ai beau lui soutenir qu'elle se trompe à mon sujet, elle persiste et ajoute que je parle mieux Anglais qu'à la lecture de ce que j'ai écrit.. Selon elle d'ailleurs, je ne suis pas le genre de personne qui a besoin de sa feuille,  je pourrais m'en passer car j'ai les compétences linguistiques nécessaires et je fais ça pour me rassurer. Comble du bonheur : du début à la fin de l'entretien elle me parle en anglais, même lorsqu'il ne s'agît plus vraiment du livre dont nous parlons.

"I'm giving up", les mots sont lourds de sens et les prononcer me secoue, c'est bien ma sixième et dernière tentative. Je sais pertinemment que je n'aurai pas ma licence, dans le cas contraire je crois que je lui devrais une fière chandelle pour m'avoir remonté le moral dans cette période trouble où j'ai plutôt envie de pleurer sur mon sort. Elle me parle d'assistanat et de professorat des écoles, alors qu'une autre prof m'a dit il n'y a pas si longtemps "l'enseignement c'est sûr que ce n'est pas votre voie mais il doit y avoir autre chose". Si je résume, Maria vient de contredire tout ce que j'ai pu entendre à mon propos depuis quelques années depuis ce fameux psychologue qui m'avait révélé à ma propre timidité. Et le bien que ça fait alors qu'on vit dans l'échec perpétuel approchant de l'échec final... devient une obsession. Cela faisait des mois que je cherchais une lumière, un espoir, une chose à laquelle me raccrocher aussi infime fut-elle. Alors j'emporte tout ce que je peux dans ma chute. Elle a été un petit miracle inattendu, je pense que j'étais la plus surprise des deux, je ne sais pas s'il y avait de la compassion mais ça y ressemblait et ça m'a apaisée, à tel point que pour l'oral qui a suivi celui-ci (oral de troisième année) on m'a promis une bonne note ! Je pense que c'est en grande partie grâce à cet entretien.

Aujourd'hui encore elle a du mal à se souvenir de mon prénom, je ne lui en veux pas, je fais tout pour passer inaperçue. Et si jamais elle s'en souvient encore à l'heure qu'il est, demain elle n'aura plus aucune raison de l'avoir à l'esprit. Goodbye and good luck. Farewell. Alors c'était donc ça mes années de fac ? Il faut que je lui dise, il faut qu'elle sache qu'elle est devenu le symbole de ce que je vais regretter dans mes études. Je me suis promis, si j'avais ne serait-ce que ma deuxième année, de lui faire brièvement part de ma gratitude, sans m'épancher plus que de raison, cela m'a joué des tours par le passé, cette fois il n'y aura pas de méprise. J'ai conscience qu'une page de ma vie se tourne, je ne sais pas bien comment m'y prendre alors j'ai tendance à m'accrocher à ce qu'il y avait de bon dans la stabilité jusqu'ici. Oh je vais sûrement y survivre, il semble que je sois conçue pour mais je vais aussi passer par la case "pôle emploi" sans diplôme après 4 ans d'études, sans expérience et sans permis. Il faudrait qu'il me manque plus d'une case pour que cela suffise à me mettre en confiance. J'ai peur de perdre mon anglais et mon japonais, peur de ne plus rien apprendre, peur que dans dix ans on puisse demander "au fait elle devient quoi Kane ?" "Toujours secrétaire dans la fonction publique (si elle existe encore)." "C'était ça son rêve ?" "..."

12 juin 2010

Music and Madness

Tu refais surface comme un être marin après des années sans côtoyer la même lumière, le même oxygène que la toute petite personne que je me sens devenir en ta magistrale présence. Rien n'est plus beau, plus admirable que toi, Sentiment, qui comble le néant de mon âme automnale débarrassée de ses faiblesses, fleurs d'un autre temps. Naïveté, bêtise, il n'est de mot pour qualifier cette exquise extase qui serre mon coeur entre ses paumes, laisse-moi seulement humer ce désir d'appartenir à ton univers, là où les étoiles ne sont rien d'autre que des points brillants dans un décor de soie.
Tu refais surface jusqu'à ce que la prochaine lame de fond t'emporte. Sans te débattre tu vas laisser mon corps à froid, tu vas blesser mon émoi et t'anéantir sans remord. Tu m'oublieras aussi vite que ton regard s'est posé sur cette lumière qui perce les nuages noirs. Tu reprends tes droits en un battement de cils, vile créature éclaboussant mes certitudes. Je ne peux vivre sans aimer, aussi longtemps que tu ne m'auras pas tuée, tu te serviras de moi sans même y prétendre. Tu es d'une laideur à faire pâlir, aussi repoussant qu'attirant et tu tiens les cordes de ma balançoire. D'un côté, de l'autre, sensationnel vertige au dessus de l'eau. Tant que je me balance, c'est que je vis malgré la tempête et l'armée qui menace sous mes pieds.

Je me suis souvent demandé si ce n'était pas la lumière qui te contemplait, Roi des Océans.

Ne lâche pas ma main. Ne t'en vas pas. Parfois j'aimerais posséder d'absolus pouvoirs. J'ordonne qu'on se méfie encore des terrains qui nous semblent stables, on ne peut jamais faire confiance aux éléments. Cela n'a rien à voir avec la peur, je voudrais juste pouvoir graver dans ma peau cette sensation de main protectrice dans la mienne. Il faut qu'il voit ça, le soleil, il faut qu'il voit mon bonheur, qu'il traverse les branches des arbres et qu'il vienne caresser vos joues empourprées par son évocation. Tout passe au travers. La vie n'est qu'un sablier, pas de passoire à rêves, comme la mémoire laisse s'enfuir les souvenirs à tire d'ailes, lutter est inutile.

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Ils viennent d'ouvrir cette boîte en bois qui sent incroyablement bon... il ne reste qu'un cigare. Marie a trouvé l'astuce pour le couper comme il convient et elle partage ce dernier trésor avec Driss, accompagné d'un verre de vin rouge. Je les observe avec admiration, ils ont une de ces classes ! On discute de tout et de rien mais l'ambiance qui envahit alors la pièce est un roman à elle seule. Le chat blanc aux magnifiques yeux verrons circule entre nous, observant avec attention nos moindres faits et gestes, elle nous protège sûrement. Ce soir je dors aux côtés d'une rêveuse et, recroquevillée sous la couette tandis qu'elle lit un livre et fume sa dernière cigarette, je jubile. Tant de bonheur à griller mes précieuses heures de sommeil, je ne pensais pas ça possible. Le matin arrive et je me retrouve sur le sol, morte de rire car Marie s'étant levée, elle a déséquilibré le canapé qui m'a fait tomber. Je remonte aussitôt et tente de me rendormir, en vain. Driss s'est levé. Profitant de ces derniers instants au charme comparable à la douceur d'un nuage, je marmonne :
- Je me sens comme chez moi.
- C'est le but, me répond Driss qui s'empresse de relever le canapé pour que je reste coincée dedans.
Dans l'après-midi Alice nous rejoint. Cette fille c'est quelque chose, elle est tout près de vous, elle vous parle et pourtant elle semble à des milliers de kilomètres, intouchable et mystérieuse. Même à moitié ivre, quand elle se met à danser avec des lunettes noires elle a des airs de grande dame, d'actrice délurée au sommet de sa gloire. Je suis fière de connaître de telles personnes, qui n'ont pas peur d'être ce qu'elles sont vraiment en toutes circonstances et qui se donnent les moyens de leurs ambitions.


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C'est un peu décousu mais tant pis. J'adore marcher sur les grandes étoiles rouges, oranges et jaunes que l'automne a semé sur ma route. L'hiver arrive déjà et je constate que la folie ne s'est pas encore emparée de moi. Je me demande ce qu'il faut faire, mon esprit pourtant tend à lui appartenir entièrement, voguant sur de sombres océans tourmentés par de noires pensées. Les génies sont tous un peu fous quelque part et pour oser il faut au moins ça, la volonté à elle seule ne suffit pas. J'ai quelque chose de fou en moi. Ce que les gens qualifient de « bizarre » tantôt je le hais tantôt je m'y accroche fermement, de peur que ce ne soit là l'unique portrait que mes pairs feront jamais de moi. Être bizarre c'est inspirer un sentiment à celui ou celle qui nous observe ou qui nous croise. N'approchent les gens bizarres que les gens curieux et peu enclins aux jugements trop prompts. Oh bien sûr dans toute relation je suis la seule à focaliser sur la chose de peur qu'elle ne m'échappe, la seule à y réfléchir longuement jusqu'à ce que comme toute pensée elle devienne obsessionnelle et finisse par perdre tout son sens. Je n'ai aucun recul à force de revenir sans cesse sur les mêmes sujets. Je sais seulement qu'à « timide » je préfère encore « bizarre ». Un timide n'est pas nécessairement anormal, un « bizarre » lui aura sans doute des difficultés sociales bien plus grandes par son incapacité à rentrer dans le rang. Il semblerait que mes « choix » vestimentaires effraient moins aujourd'hui que lorsque j'étais au lycée. J'ignore si c'est positif mais ça pose moins de problème, apparemment. Il est certain qu'une personne qui parle peu souvent, arrivant au milieu d'une conversation pour citer « critique de la raison pure » est passablement étrange et drôle à la fois, je ne fais pas attention quand on parle de philosophie ou d'art, la plupart du temps je ne peux pas m'empêcher d'intervenir. Après réflexion toutefois je me dis que certaines approches pour faire connaissance avec les gens de ma promotion n'étaient pas du meilleur effet et auraient mérité sinon d'être reformulées au moins d'avoir une forme plus travaillée. Que choisir entre spontanéité et tentative de séduction ? J'aimerais pouvoir répondre « les deux » mais tout porte à croire que cela ne suffirait pas. Du temps où nous n'étions que 30 par classe chacun se connaissait plus ou moins mais entre les options et les enseignements de diversification, un étudiant est nécessairement noyé dans la masse et c'est déjà bien si ses professeurs arrivent à se souvenir de son prénom ! Les éloges de mes différents professeurs de littérature me manquent mais je ne dois pas être la seule pour qui le besoin de reconnaissance serait potentiellement salvateur. Si déjà mes contemporains pouvaient me remarquer, si je pouvais éveiller dans leur esprit la même remarque que Marie s'était faite alors qu'elle ne m'aimait pas encore « voilà quelqu'un qui doit être intéressant ! ».

Je ne suis pas un génie, je ne suis pas folle, mais je peux essayer s'il n'y a que ça pour qu'au moins je plaise à mon double bienfaisant. J'emploie le peu de bon sens que je possède à se tordre mille fois pour qu'il en sorte une œuvre, un cri, un déchirement de l'espace et que j'y puisse passer ma tête « Voyez, voyez, c'est moi qui empruntait tous les jours ce chemin ! Voyez, c'est moi qui ai foulé cette herbe sous votre étouffante indifférence ! Et pendant que je marchais je pensais de ces choses ! J'ai tellement pensé que ça remplissait l'atmosphère et que vous ne vous en rendiez pas compte ! Oui j'ai pensé à vous, à vous et aussi à vous sans que jamais vous ne vous en doutiez, trop occupés par toute autre chose que moi ! S'il fallait vous raconter, ça prendrait une vie et assurément il ne resterait pas assez de la vôtre maintenant ! Il est trop tard mais tout de même aimez-moi un peu, je saurais m'en contenter.»
Ainsi je m'en irai ivre de mes propres paroles, vacillante sur mes immenses jambes blanches, trouver un endroit digne de ma noyade, quelque champêtre clairière loin de tout.

N'en faire pas assez, en faire trop. Rester assise ici près de rien, près de personne ou m'échapper vers nulle part. L'être humain n'est jamais satisfait de sa condition, un désir laisse place à un autre jusqu'à l'épuisement. J'ai toujours été capable de lever la tête après un coup, silhouette rouge dans l'horizon qui tournoie, tenant à peine debout. "C'est dans le malheur qu'on sent le mieux ce que l'on est". Mais on ne passe pas sa vie à être triste ce serait insupportable alors on emprunte un air détaché, on évite de se laisser trop approcher en gardant pour soi le plus important, le moins drôle, le plus grave. On sourit à ces gens qui vous veulent du bien. Et à ces gens que je ne connais guère et qui ignorent que la sincerité spontanée se croyant divertissante peut blesser... à ces gens qui se fichent des conséquences d'un mot, d'une phrase prononcée comme on brise une feuille morte... sans y prêter attention. A ces gens j'aimerais leur montrer la silhouette rouge, cadavérique qui danse au coucher du soleil, la silhouette pendue qui se balance entre deux mondes. Je ne suis pas une femme, je suis tout juste un être humain quand je croise vos regards, vous détruisez le mien qui ne peut plus souffrir son reflet sans se dire "ne suis-je pas trop laide pour sortir ainsi ? Exposer la monstruosité à cet exterieur là ?". Il y a des jours où j'arrive à oublier qui je suis, ces jours là sont merveilleux, les jours où je n'aperçois pas le dégoût dans l'oeil de mes contemporains. En général cela signifie que j'ai réussi à le leur faire oublier par quelque trait d'esprit ou d'humour. Ou parce que plus courageux que la moyenne je ne leur inspire rien de particulièrement repoussant (même si évidemment jamais rien d'attirant non plus). Moi qui me félicite de ne pas laisser indifférent j'ai parfois du mal à ne pas désirer cette indifférence, se fondre dans le paysage plutôt que de suciter la moquerie serait un repos bien mérité. Danse le squelette écarlate parmi les ombres, balance, tangue, vacille sans jamais chuter, continue ton ballet infernal jusqu'au dernier râle, au dernier gémissement de la corde autour de ton si petit cou. On se souviendra peut-être de la ballade du pendu mais hélas j'en doute, qu'il se balance près de l'ombrelle ou qu'il se noie, la torture de Prométhée n'a ni fin ni secours et emporte avec elle l'automne, l'hiver et la poésie.

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11 juin 2010

Never Ever

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Dis Nani, tu te souviens quand nous étions assises côte à côte sur cette plage de Sainte Marine ?

Est-ce que tu crois toujours que l'amitié qui peut sembler parfaite de l'exterieur peut être difficile ou blessante quand elle est vécue de l'interieur ?

Je pensais jalouser les autres pour de bonnes raisons mais les relations humaines sont toujours plus compliquées que ce qu'elles laissent paraître.

J'ai envie de voir le soleil se lever à nouveau sur cet horizon bleu que nous avons contemplé.




J'ai entendu l'autre soir que la différence entre l'amour et l'amitié c'est qu'on attend pas d'un ami la perfection, qu'on lui laisse le droit à l'erreur. Si c'est vrai je crois que je tombe plus souvent amoureuse que je ne le pensais. Je suis rancunière, capricieuse, posséssive, je m'énerve pour un rien et je le regrette aussitôt. Personne n'est parfait et on aime les autres parce que leurs défauts ne nous dérangent pas trop et que leurs qualités nous plaisent. Je me demande si mes défauts peuvent ne pas trop déranger.

Nani, ça fait longtemps maintenant que je n'ai pas eu de tes nouvelles, j'éspère que tu vas mieux, je n'ai pas cessé pour autant de penser à toi. (Ah au fait j'ai vu Kung Fu Panda et j'ai bien aimé ^o^)

Les problèmes qui étaient là avant et qui m'ont poussée à partir n'ont pas disparu. Les blessures ne guériront probablement jamais alors parfois la douleur prend le dessus sur tout autre sentiment. Je me souviens que tu me disais "tout le monde exteriorise sa souffrance de façon différente, mais toi Kane quand ça ne va pas tu dis toujours que ça va, tu ne t'énerves pas, tu souris toujours, un jour forcément ça finira par sortir et si tu n'exteriorises pas avant ça fera certainement très mal.". Est-ce que tu crois que c'était ma façon d'exterioriser ? Même quand j'ai dit à Liline et Lizou que j'allais probablement prendre des distances, je l'ai dit en souriant, j'ai gardé ce même sourire, sans pouvoir les regarder en face quand Lizou m'a dit qu'elle n'aimerait sans doute pas ça.
Mais plus qu'un regard sur hier ou une peur par rapport à demain, j'ai toujours un vide dans mon coeur, un trou béant que rien ne vient combler. Cette certitude qu'il y aura toujours quelqu'un ou quelque chose pour passer avant moi dans la vie de ceux que j'aime, que ce soit un meilleur ami, un petit ami, la famille ou un travail. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que l'ami idéal n'existe pas.

Tu vois Karo, finalement la jalousie c'est une grande partie de moi, même si j'ai du mal à l'exprimer, elle est probablement différente d'une jalousie pour l'entourage de quelqu'un à cause de ma grande solitude. Je ne pourrais jamais jalouser les personnes qui t'entourent parce que je ne suis pas près de toi, je préfère au contraire qu'il y ai toujours quelqu'un, ça me rassure parce que j'ai peur pour toi, j'aimerais d'autant plus qu'elles ne te déçoivent jamais.

Je suis désolée Liline de n'avoir pas encore répondu à ta si jolie lettre. Ma réponse est là, sur le bureau, il faudrait que je la recopie, je ne suis toujours pas sûre qu'elle convienne et je n'ai toujours pas de timbre. Je pense que ça compte beaucoup pour toi, comme ta lettre a beaucoup compté pour moi mais je ne sais pas vraiment ce qui ne va pas chez moi. J'ai simplement envie de te revoir je crois.

Je n'ai jamais assez de souvenirs pour me réconforter, la solitude c'est tellement long qu'il arrive un moment où il n'y a plus de bons souvenirs et ce sont les mauvais qui prennent leur place. J'ai beaucoup pleuré ces derniers temps, ça ne me soulage pas et c'est inépuisable, ça ne m'aide pas non plus à dormir (chose que je fais de moins en moins). Je ne dis pas ça pour me faire plaindre, la pitié ne servirait à rien, ces larmes personne ne peut les voir ni les sécher de toutes façons. J'ai beau me répéter que je vais tout faire pour être heureuse, que je vais me battre, ne jamais baisser les bras, je n'ai toujours aucune raison de me lever le matin. Les jours se ressemblent tous, il ne se passe jamais rien, ma vie se résume à allumer mon ordinateur, aller en cours ou faire grève, tout ça en croisant rarement quelques connaissances avec qui j'ai de brèves discussions, jamais très profondes il faut bien l'avouer. Je ne sais pas pourquoi je ne trouve plus le sommeil, je n'ai pas le mode d'emploi pour réparer ça alors je crois qu'il va falloir que j'aille voir quelqu'un qui puisse m'aider.

Camille, tu peux compter sur moi en toutes circonstances, il n'y a aucun doute à avoir là dessus, je ne suis pas juste une admiratrice de ta voix parce que je t'apprécie, je l'ai toujours été même quand on ne se parlait plus, j'ai toujours comparé chaque voix que j'entendais chanter à côté de moi à la tienne. C'est idiot parce qu'aucune ne lui ressemble et on ne peut pas juger ainsi une voix mais c'était en quelques sortes ma référence principale. Te voir est un véritable bonheur (pas seulement parce que tu es magnifique ^^) même si c'est toujours très court. En te revoyant j'ai eu envie de te prendre dans mes bras, je ne sais pas si tu as deviné ou si tu en avais envie toi aussi mais après toutes ces semaines (mois ?) sans le moindre geste d'affection, c'est resté le bon souvenir de ma journée. Te voir sourire aussi gentiment sans arrière pensée, de façon si sincère, c'est vraiment fort, j'aimerais que tu sois innondée de cette joie si rayonnante que tu apportes aux gens.

Si je pouvais veiller sur les gens, de loin, sans jamais rien attendre en retour je serais une personne merveilleuse, n'est-ce pas ? Alors pourquoi ai-je toujours tant besoin de reconnaissance ? Pourquoi faut-il toujours que j'attende que quelqu'un s'inquiète pour moi ou que je lui manque ? Je ne veux plus être une telle égoiste, je veux pouvoir être si forte que les colères de Kia ne soient plus jamais un problème, ne jamais lui en vouloir de ne pas s'inquiéter, si elle ne me demande pas comment je vais, si elle ne veut pas savoir dans quel état je suis parce que je suis obsédée par notre dernière discussion et qu'elle tourne en boucle dans mon esprit, jour et nuit, ne pas souhaiter d'excuses. Juste être là quand il faut, prendre les coups parce qu'elle a besoin d'en donner et m'effacer quand elle n'a plus besoin de moi, sans rancune, sans trembler de tout mes membres, froide comme la glace, sans me rendre malade alors qu'elle peut poursuivre sa vie sans se retourner pour regarder si je ne suis pas tombée sur le chemin. Comment font les gens pour prendre de la distance ? Je n'y arrive pas et si j'essaie c'est catastrophique. Je suis incapable de mettre de la mesure dans mes sentiments, je ne sais plus très bien ce que je veux ou ce que je peux faire mais j'aimerais vraiment ne plus ressentir ces choses pénibles.

Est-ce qu'il neigera à la fin de cette année ? Les beaux jours sont là mais j'ai toujours envie de voir la neige. Cependant, même si j'ai pleuré devant la beauté des flocons qui tombaient sur Rennes, j'aimerais ne plus voir la neige toute seule, c'est un sentiment bien trop triste que de ne pas pouvoir partager ce moment avec quelqu'un, le souvenir est moins agréable et il s'efface rapidement.

La neige n'est pas restée.

Dites, est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourra m'approcher d'assez près un jour sans que je lui fasse mal ?

10 juin 2010

Petites choses

Mes articles se font de plus en plus longs et j'écris plus souvent que d'habitude, je ne sais à quoi attribuer ça *o* ah si, probablement à mes lecteurs !!!

Il y a des mots qui ne résonnent pas à mes oreilles comme à celles des autres, des petits signes qui, un peu à l'image d'une flèche que je décocherais, n'atteignent pas toujours leur but ou du moins pas tout à fait.
Le plus "classique" par exemple serait le "je t'aime", d'ailleurs le sortir d'un contexte pour l'étudier comme ça c'est un peu cruel, ça ne veut pas dire grand chose. Le fait est que je n'ai aucun mal à le dire (sauf sûrement pour mon père évidemment avec qui c'est un peu compliqué, vous aurez peut-être remarqué que j'évite soigneusement le sujet depuis le début de ce blog...peut-être qu'un jour je trouverai les mots) mais qu'il conserve son importance capitale, j'en n'en fais pas usage sauvage et quotidien sauf exception. Mais le "je t'aime" est moins important chez moi au niveau des significations claires que le "mon" ou "ma" devant un prénom ou un surnom. Je m'explique : il m'arrive de lire dans un mail ou un sms "ma Kane", quand c'est Kia je trouve ça chouette et j'en tire une fierté toute particulière. Mais il y a aussi des gens pour qui je compte moins, qui utilisent "mon" ou "ma" devant n'importe quel prénom d'une personne proche d'eux même quand la relation reste relativement superficielle...là soit je me dis "je ne lui appartiens pas, il ne devrait pas y avoir de "ma" devant Kane pour cette personne", ce qui, je vous l'accorde, n'est pas très aimable mais reste juste par rapport à celles et ceux qui peuvent utiliser ce terme. Ou alors je me dis que cette personne n'a pas la même notion du "mon"/"ma" devant un prénom, l'utilise sans penser à mal et n'est seulement pas sur la même longueur d'ondes que moi. Que faut-il faire ? Dire à la personne que cette façon qui se veut "mignonne" ne correspond pas ? Que je ne lui appartiens pas et qu'il est préférable de ne pas employer de possessif ? Ca paraîtrait absurde, pointilleux et finirait par installer un froid. Si on me disait "ne mets pas de possessif devant mon prénom" bien que je les utilise avec d'infinies précautions et qu'ils ne sont jamais là au hasard (je calcule tout...et pourtant souvent c'est spontané...c'est possible ça ?) je serais probablement véxée voire bléssée. C'est pour ça qu'au final je ne dis rien. J'imagine déjà Nani, Karo ou Liline en train de se demander si elles font partie de ces personnes XD no stress ! Je suis bien heureuse d'être un peu à vous ! D'ailleurs je ne serai pas malheureuse d'appartenir à tous ceux qui m'appellent "leur Kane", je pense simplement que ça n'est pas très crédible quand le lien entre nous n'est pas un lien solide.

Cet article pourrait être mis à jour tel un dictionnaire je crois ! Il y a une autre particularité dans mon langage, les mots "ami" ou "amitié" mais ceux-çi j'ai déjà du les expliquer suffisament pour que même ceux qui ne me connaissent pas beaucoup comprennent bien que ce n'est pas une chose à prendre à la légère. J'ai arrêté ma correspondance (très brève !) avec l'Amélie Nothomb (l'unique, la seule, la grandiose ^^) que j'admire tant en partie parce qu'elle m'assurait que je méritais son amitié... pour une femme de lettres, philologue qui plus est, je me suis dit que considérer ce mot comme un autre, une banalité que l'on peut adresser à l'une de ses fans dans une première lettre après tout juste deux rencontres dans une librairie où nous étions fort nombreux, était une faute grave. Pas impardonnable, si je la voyais là devant moi je ne penserais pas une seconde à lui reprocher quoi que ce soit, juste perturbant. Il y a un monde entre le mot "amis" et le mot "copains", certaines personnes en ont conscience, d'autres pas. J'en ai conscience parce que l'amitié a longtemps été mon unique raison de vivre et que je considère encore aujourd'hui que le titre d'ami est plus honorifique que n'importe quel titre de noblesse. Je préfèrerais mille fois recevoir une médaille de l'amitié que la légion d'honneur ou tout autre prix que les êtres humains ordinaires acceptent, des étoiles (ou des flashs XD) dans les yeux. N'est pas ami de Kane qui veut (enfin pas tout à fait), je n'accepte que les gens d'esprit noble, entendons-nous : pas de raciste/homophobe (je les mets dans le même sac, impossible d'être amie avec "ça") ou de personne enfermée dans un monde imperméable aux autres, pas de sales ploucs, mes amis sont des gens vraiment bien ou ne le sont pas (même si pas mal d'entre eux ne s'apprécient pas assez à mon goût). De préférence, des gens passionés ou ayant plusieurs centres d'intêret, le courage de leurs idées ou tout du moins des idées...plus généralement des gens avec qui je sais que je peux parler de tout et de rien pendant des heures ou partager des moments que je ne voudrais partager avec personne d'autre.

Dans une suite qui me paraît logique je vais parler du sourire. Je ne me force pas à sourire, physiquement c'est au dessus de mes forces. Sourire n'est pas pour moi un simple geste qui change l'attitude du visage. De la même manière que je n'arrive pas à retenir mes larmes, je n'arrive pas à retenir mes sourires. On pourrait penser que ce n'est pas bien grave de ne pas pouvoir retenir un sourire mais j'ai tendance à trouver ça gênant quand même, c'est une mise à nue involontaire, surtout si le sourire en question m'arrive jusqu'aux oreilles. Et puis j'aime bien passer pour une personne qui se contrôle et qui garde un peu de distance par rapport aux évennements qui la touchent Ce n'est pas drôle d'être trop prévisible, il faut savoir entretenir le mystère si l'on ne veut pas lasser. D'un autre côté c'est ma sincérité qui transparaît, j'aimerais que les gens qui ne me connaissent pas bien prennent conscience qu'un de mes sourires ne peut être que sympathique, jamais moqueur (ceci dit il faut être plutôt gonflé pour sourire clairement face à une personne dont on se moque...) ou quoi qu'il arrive, jamais méchant. Ahah on va me dire qu'il y a eu des exceptions auxquelles ont a pu assister dans l'aquarium entre autres, quand je me moquais de personnes comme "le nain" ou "mite", des gens pour qui je n'avais pas beaucoup de respect parce que je trouvais qu'ils ne le méritaient pas. Je ne saurais comment l'interprêter mais ces signes sont toujours évidents, ils savaient bien que je me moquais d'eux, je n'ai pas essayé de le cacher et je le leur disais même très souvent. S'il y a bien une chose que je ne supporte pas ce sont les gens qui sourient et qui, une fois que vous avez le dos tourné, médisent sur vous ou pensent que vous êtes le dernier des idiots. Tout le monde peut faire preuve d'hypocrisie mais ce genre de comportements me paraît incompréhensible.

Je voudrais aussi parler des "surnoms" ou "pseudonymes". J'apprécie grandement quand on se souvient qu'il faut m'appeler "Kane", pour moi celles et ceux qui ne le font pas (excépté ma famille peut-être) ne m'aiment pas vraiment et me connaissent très peu. C'est une sorte de preuve que vous me faites qu'il y a au moins une chose à mon sujet dont vous vous souviendrez, une chose qui fait partie de moi et que j'ai choisie même si c'était un peu par hasard il y a longtemps. Autant que je m'en souvienne le seul surnom que l'on m'ai donné c'est "la saleté", c'était un peu indirect puisque ça venait de Liline après que je l'ai surnommée "le vaurien" mais j'y tiens quand même énormément. Mes parents m'ont donné un prénom en faisant en sorte qu'on ne puisse pas le raccourcir ou en faire un surnom, mais moi à l'inverse je trouve que donner un surnom à une personne c'est se rapprocher d'elle et lui prouver qu'elle n'est pas n'importe qui parmis nos connaissances. Je sais que tout le monde ne voit pas les choses de cette façon, j'ai arrêté d'appeler Mathilde "Malite" et je n'appelle plus non plus Camille "Camichou" parce que je crois qu'elles n'aimaient pas tellement ça, en tout cas à une periode elles nous avaient demandé de ne plus les surnommer ainsi. Mais par contre quand j'appelle Céline "Celin" ou "Liline" c'est avec un immense plaisir, "Celin" c'est plutôt quand on est en plein délire et "Liline" ça sonne plus comme une petite princesse toute mignonne, j'apprécie autant les deux même si ce n'est pas moi qui les ai trouvé. Je peux aussi bien appeler Nina par son prénom que l'appeler "Nani", j'y vois une grande différence même si ça désigne la même personne, ce n'est pas très original comme surnom mais comme ça lui correspond à elle seule c'est différent, les sentiments qui sont attachés à ces prénoms ne résonnent pas lorsqu'il s'agit d'autres personnes que je rencontre qui portent le même prénom. Je ne me suis jamais dit "ah oui je connais une Nina" au même titre que je ne me suis jamais dit "je connais une Mathilde" ou une "Céline", pour moi il ne peut pas y en avoir deux parce que ce ne seraient pas "une" mais "la" qui conviendrait sans doute mieux. La "Nani" que je connais elle est unique et ce surnom ne lui va qu'à elle. Il y a eu des cafouillages au début quand "Sano" n'était connue que comme "Justine" et "Ripper" comme "Julien", je les appelais tous les deux "Juju" et du coup on s'y perdait tous un peu XD d'ailleurs aujourd'hui je n'appelle pas Julien par un surnom ou un pseudo, même Ripper a du mal à passer je ne sais pas pourquoi. Il pourrait s'en vanter en disant que Julien est à la fois son prénom et son surnom...mouais ! Je n'appelle pas Gaelle "Galou" parce que je ne la connais pas bien (je l'ai croisée au bras de son copain aujourd'hui, ils sont mignons tous les deux ! Mais elle ne m'a probablement pas vue/reconnue malgré mon regard insistant).
Il y avait deux Elise au lycée, mais là encore je viens de m'en souvenir parce que je fouille dans les surnoms, je l'aurais oublié tellement elles sont différentes, Kaigan et Lizou ! Rares sont ceux qui n'ont pas de surnom en réalité, c'est aussi leur forme d'originalité finalement ! Et quand il s'agit de passionés de l'Asie, je n'ai en général aucun mal à mettre "-chan" ou "-kun" derrière le prénom si la personne m'est chère. Rien de tout cela n'est laissé au hasard, ce sont des petites choses mais elles sont très importantes à mes yeux !

Par rapport au commentaire de Liline la dernière fois...je ne sais pas si je suis quelqu'un de "bien". En fait non je ne pense pas être quelqu'un de bien à cause du mal que j'ai fait. Je ne cherche pas à me plaindre ou à me trouver des excuses, je cherche des explications par rapport à moi-même. La dernière fois que j'étais au fond du gouffre je n'étais pas suicidaire mais je l'étais la fois d'avant et j'avais déjà refusé l'aide exterieure, je me croyais déjà seule au monde. Bon, faudrait pas se leurrer là dessus on est tous seuls au monde, quand on a besoin que quelqu'un nous prenne dans ses bras, 90% du temps il n'y a personne et on passe également sa vie à avoir un sentiment de manque vis à vis de l'absence de quelqu'un qu'on aime. Ce serait triste de ne voir la vie que de cette façon, elle ne vaudrait pas grand chose. Mais les 10% du temps comptent bien plus, les souvenirs heureux sont là (et la souveraine musique aussi bien sûr !) pour nous rappeler qu'il y aura encore des moments pour lesquels il vaut la peine de se battre ! L'espoir n'a pas de mode d'emploi, il n'est pas non plus divisible mais j'en ai à revendre. La question que je me pose c'est : pour combien de temps ? Combien de temps me reste-t-il avant de me faire avoir par cette autre moi qui passe son temps à broyer du noir, pleurer sur son sort et refuser de voir la lumière au bout du tunnel ? Je ne veux pas qu'elle revienne mais je n'ai pas confiance en elle, j'ai tellement peur de demain et du mal que je pourrais encore faire. Je sais qu'on ne vit pas deux fois la même chose et pourtant je sais ce qu'on ressent quand on a la tête sous l'eau. Entre deux periodes noires on se dit toujours qu'on voudrait ne jamais revivre ça, qu'on a grandit, que notre responsabilité prendra les devants au prochain coup dur et finalement on se laisse tomber lentement et ça recommence. J'éspère que je pourrais faire face mais je n'ai aucun moyen de reconnaître les signes, de les combattre quand ils se présenteront si ça arrive. Il n'existe pas d'alarme pour prévenir quand le monstre en moi va se réveiller, impossible de savoir s'il est mort ou s'il est endormi. Avant de sombrer, je me souviens qu'il y a eu un vide en moi, qui aspirait tous les sentiments que j'ai pu avoir pour les gens autour de moi. Je suis devenue insensible aux conseils que me donnait ma soeur qui me disait que ne plus voir personne n'était pas une solution pour aller mieux, insensible aux remarques de Julien qui avait résisté à ces mêmes attaques qui font de nous des lâches, incapables de rechercher le bonheur, insensible aux mains tendues, froide comme la glace. Je me réveillais souvent en sueur la nuit après avoir fait de nombreux cauchemars, je sortais en pleine nuit pour me changer les idées. Quand je rentrais, je me regardais dans le miroir et me disais avec frayeur qui si tout continuait ainsi, j'allais finir par atteindre ce que je redoutais le plus au monde : lui ressembler.

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